INTRODUCTION

Le 23 mai 2007 aurait pu être une journée comme les autres. Pourtant, elle a marqué à jamais la vie de quelques 1900 personnes en France.

Ce jour-là, en fin de matinée, d’étranges appels, texto et autres messageries informatiques se sont mis en alerte maximum. Ces messages disaient tous la même chose, quoique dans des langages plus ou moins châtiés : on est viré !

Dans le monde en mutation permanente où nous évoluons, cela n’a rien d’extraordinaire, me direz-vous. Et pourtant ! L’extraordinaire réside dans le fait que ces licenciements n’en étaient pas vraiment. Il l’est dans le fait que la société qui a pris cette décision est l’une des plus puissantes, des plus lucratives du pays : SFR, le deuxième opérateur de téléphonie mobile en France, filiale du groupe Vivendi et affichant des bénéfices arrogants.

Pourquoi l’une des entreprises française les plus rentables a-t-elle voulu s’alléger de 25% de ses effectifs ?

Pourquoi a-t-elle mis cent millions d’euros sur la table ?

Par quelles subtilités juridiques a-t-elle réussi à s’affranchir des contraintes et obligations d’un plan social ?

Comment a-t-elle réussi à contourner la loi et interpréter les accords en vigueur dans l’entreprise ?

Pourquoi la justice s’est-elle retrouvée désarmée et n’a-t-elle pas pris ses responsabilités ?

Pourquoi le pouvoir politique en place n’a-t-il pas réagit face à ce scandale social ?

Pourquoi le groupe Vivendi a-t-il bénéficié d’aides publiques représentant 1,5 milliards d’euros accordées par le ministre des finances de l’époque Nicolas Sarkozy ?

Comment le groupe a-t-il réussi à contourner ses obligations en matière d’emploi ?

Quels sont les liens qu’entretiennent les hauts dirigeants de SFR avec l’Elysée ?

Pourquoi la presse audiovisuelle a-t-elle tenté d’étouffer l’affaire alors que la presse écrite s’en est largement faite l’écho ?

Quelles méthodes la direction de SFR a mis en place pour briser le mouvement social ?

Comment a-t-elle agi pour faire pression sur les syndicats et soudoyer certains leaders du mouvement ?

De subtils rouages en machinations de toutes sortes, de tractations politiques en délits de marchandage, SFR a fait feu de tout bois pour se débarrasser, purement et simplement, de salariés trop « grassement payés » à son goût et les refiler en toute légalité à d’autres… En vendant le tout, hommes, matériels et locaux, pour… l’euro symbolique !

Superbe manipulation juridique, financière et politique !

Et pour 1900 femmes et hommes en France, a commencé une longue et laborieuse lutte pour se faire entendre, pour alerter les autorités, et pour tenter de garder la tête hors de l’eau.

C’est une histoire moderne que nous allons vous compter. Nulle part ailleurs dans le monde, à aucune autre époque elle n’aurait pu être possible. D’ailleurs, qui aurait pu penser que cela pouvait arriver ? Nous allons vous raconter comment cette superbe          « machine à cash » qu’est SFR a menti, manipulé et marchandé en sous main pour se débarrasser de près de 2000 personnes… Nous allons vous expliquer comment ces 2000 personnes ont tenté de se battre… Comment et pourquoi, du jour au lendemain, des salariés sans histoire se retrouvent à battre le pavé en scandant « SFR gangsters » !

Une histoire qui, et telle était notre crainte à l’époque, ne faisait que présager ce qui se passe quotidiennement aujourd’hui : licenciements, plan sociaux, délocalisations…

Une histoire pas si moderne que ça en fin de compte, celle d’un pot de terre contre un pot de fer, celle de David contre Goliath… Qui l’emportera cette fois-ci ?...